≈ c'est vrai qu'les murs ont des oreilles
que tous les voisins se réveillent
mais c'est comme ça qu'on fait l'amour
quand toi et moi on fait boom boom boom"
© boum boum boum

Elle glissait lentement et tendrement sa main dans ses cheveux frisottant, plongeant son regard plein de sensualité dans celui du jeune homme. S'il n'avait pas à partir, elle lui aurait sauté dessus, tigresse assoiffée de tendresse et d'amour, Côme le lisait dans tous les traits de son visage. Des yeux, jusqu'aux lèvres qu'elle se mordillait. Un mot et il était à elle, pour toute la journée, pour toute l'éternité, il aurait oublié tout ce qu'il avait à faire, toutes les personnes qu'il avait à voir, rien que pour un je t'aime de sa part. Des mois qu'il attendait ces deux mots, deux semaines qu'à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche les mots qu'elle soufflait n'étaient pas à la hauteur des attentes du jeune homme. De sa main, Côme caressa, effleura les courbes alléchantes de sa belle, profitant de la lumière du soleil levant pour savourer l'un des plus beaux paysages qu'il n'avait jamais vu. Frissonnante, aucun mot ne sortait de la bouche sucrée de la demoiselle, pourtant son regard parlait à sa place. Il se sentait mal de devoir la quitter, après une nuit entière pleine d'amour, mais s'il arrivait encore une fois en retard, son boss risquait de le renvoyer. Il se leva alors, enfila ce qu'il trouva, une chemise blanche, un jean et observa sa coiffure dans le miroir. « Tu es très beau. » dit-elle, l'observant de ses yeux langoureux, le drap blanc couvrant à peine sa poitrine. Il sourit, amusé. Pendant qu'il cherchait ses clefs de voiture, la belle se leva et entoura son corps du drap blanc. Elle stoppa Côme dans sa recherche en posant sa main sur son torse et monta sur la pointe des pieds pour lui offrir un long baiser. Étonnamment surpris par tant d'affection, le jeune homme se laissa aller, emporter dans le vent tourbillonnant de ce baiser sucré. Sa main se posa sur la joue de la belle, et elle plongea alors ses yeux dans ceux de Côme. Allait-elle enfin dire ce qu'il attendait depuis maintenant des mois? Rien qu'à cette idée, le cœur du brun s'affola alors qu'il ne se trouvait qu'à quelques centimètres de celui de sa dulcinée. « Bonne journée. » Déstabilisé, Côme cligna des yeux et s'écarta, le cœur battant toujours aussi rapidement. « Mes clefs... toujours dans le tiroir. » il recula de quelques pas et attrapa ses clefs, souriant bêtement à sa belle, qui gardait le regard neutre, elle qui riait pourtant à ses maladresses d'habitude. Il s’approcha à nouveau d'elle et l'embrassa plusieurs fois afin de la quitter sans regret pour la journée. Bien évidement, qu'il ne s'attendait pas à ce que, dans quelques minutes, elle soit dans les bras d'un autre. Envoûté, aveuglé, il ferma la porte, enivré par le parfum sucré mais si malsain de sa belle.

≈ No, I don't want your number
No, I don't want to give you mine and
No, I don't want to meet you nowhere
No, I don't want none of your time"
© no angels

Vous avez un nouveau message. Côme, c'est moi, Alwyn. Répond-nous, s'il te plait. Nous n'avons plus de nouvelles de toi depuis une semaine maintenant. Tout le monde s'inquiète. Rappelles-moi, s'il te plait. Côme raccrocha et lança son téléphone sur la table. Assis sur le canapé, télé éteinte, jambes écartées, il posa ses coudes sur ses genoux et plongea désespérément son visage dans ses mains, frottant ses yeux. Il ne sortait de chez lui que pour se rendre à la supérette, aux heures où il y avait le moins de monde possible. Plusieurs fois, des personnes s’inquiétant pour lui, avaient frappé à sa porte. Il n'avait jamais ouvert à personne. Une barbe poussait sur tout le bas de son visage, lui donnant un air plus vieux, plus sage qu'il ne l'était. Pourquoi se raser alors qu'il n'avait plus à plaire à personne. La seule personne à qui il souhaitait plaire s'en était allée avec un autre.
Vous avez trois nouveau messages. Premier message. 9 jours. 9 jours que personne n'a de nouvelles de toi. Je suis venue cinq fois à ton appartement Côme. Où es-tu? / Deuxième message. Côme raccrocha. Il n'avait nullement envie d'entendre les plaintes d'autres personnes. Assis à la table de sa cuisine, il buvait son café, stylo à la main. Sur la table, un carnet, visiblement très abîmé par le temps. Dedans, des phrases, rayées. Heureusement que personne ne pouvait le voir. N'importe qui aurait pu croire qu'il était devenu fou. L'amour est la pire des addictions. La plus dangereuse. A la télé, les pubs préventives passent sur l'alcool, la drogue. Mais pourquoi ne pas en faire sur l'amour. Regardez dans quel état cela peut plonger un homme. En vérité, ce carnet était son exutoire. Depuis tout petit. Timide, il avait toujours eu du mal à exprimer ses pensées, ses sentiments. Les pages abîmées sont remplies de toutes les pensées qui ont traversé sa tête depuis son enfance.
Lé téléphone sonne. Appel de : NE PAS RÉPONDRE. C'était elle. Au bout de deux semaines sans nouvelles, c'était elle. Côme attrapa lentement le téléphone dans sa main, le fixant avec une multitude de questions lui traversant l'esprit. Il approcha son doigt de l'option décrocher. Mais l'écran s'assombrit. Il jeta le téléphone sur le canapé et se leva d'un bond. Il se tenait debout, à sa fenêtre, écartant le rideau afin d'entrevoir la rue. Depuis deux semaines, Côme se sentait exclu de ce monde où tout le monde court. Il s'était arrêté de courir. Pause. Il devait reprendre. Rapidement il se dirigea dans la salle de bain, face au miroir et toucha sa barbe. Courir après quoi? Il toucha de nouveau son menton fraîchement rasé. Il était le même homme, mais seul son regard avait changé. Comme si ces jours de solitude et d'enfermement l'avait rendu bien plus solitaire qu'il ne l'était.