Elle savait qu'elle ne devait pas le regarder de cette manière, qu'elle n'aurait pas dû rentrer dans son jeu mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était comme agiter une tablette de chocolat devant ses yeux, elle n'arrivait plus à se concentrer. Tout aurait dû lui dire de stopper ce jeu innocent, pour l'instant, car tout lui disait de le faire. Skyler avait connaissance de la réputation de son confrère depuis son divorce, sans oublier qu'il était un peu plus âgé que la jeune femme. Et le plus important de tous les arguments, il était le nouveau boss du cabinet d'avocats pour lequel elle travaille. Toutes ses raisons lui criaient de ne pas se laisser tenter, de se concentrer sur son travail au lieu de laisser libre cours à son imagination.
« Il te fixe... Je crois que tu lui plais... » murmura April, l'assistante de Skyler. Les deux femmes étaient assez proches, c'est pourquoi elle pouvait se permettre ce genre de réflexions sans que la jeune avocate ne la reprenne. Néanmoins Skyler continuait de feuilleter ses dossiers, l'air de rien, essayant de se cacher dans ses papiers jusqu'à ce que son amie ne lui donne un coup de coude.
« Ne fais pas comme si tu n'avais rien entendu ! » rétorqua son assistante, accusatrice. Skyler ne pouvait pas avouer qu'elle était attirée par cet homme, elle se devait de rester professionnelle.
« Toutes les femmes du bureau lui plaisent ! » conclu la jeune avocate, qui essayait de se convaincre de la véracité de ce qu'elle venait de dire. L'assistante soupira, elle aussi avait entendu les rumeurs concernant les ébats de leur nouveau patron. Elle retourna alors à son bureau et elle fit semblant de bouder. Skyler durant cet instant se posa une tonne de questions, si son assistante avait remarqué quelque chose est-ce que ses autres collègues aussi dans ce cas ? Et tout un tas d'autres questions. Fort heureusement, ou malheureusement, la sonnerie du téléphone retentit. La jeune avocate se dépêcha de décrocher pour entendre la voix d'April.
« Je te jure qu'il t'observe encore ! » Skyler raccrocha aussitôt, le rouge lui monta aux joues et l'on entendait le rire de son assistante résonner dans tous les bureaux de l'étage.
Cette conversation provoqua un véritable questionnement pour la jeune femme, elle ne savait pas quoi faire. Est-ce que l'attirance qu'elle ressentait était réciproque ou bien est-ce que son esprit lui avait joué des tours ? Si au départ elle était décidée à rester professionnelle et faire taire ses envies, après quelques jours elle eut un élan de courage. Un soir, alors que le bureau fermait et qu'elle le vit sortir pour rentrer chez lui elle se décida de le rejoindre et tenta le tout pour le tout. Elle attendit d'être à l'extérieur pour ne pas penser à l'aspect professionnel des choses.
« Est-ce que j'ai oublié quelque chose ? » demanda Aaron. Si seulement ça avait été ça. Skyler avait beau être plutôt débrouillarde, là elle perdait tous ses moyens. Elle prit une grande inspiration et se lança.
« En fait... je me demandais si tu accepterais d'aller dîner avec moi...» articula la jeune femme, le tout ponctué d'un sourire. Son collègue sembla surpris, puis un sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Il resta bouche bée quelques secondes, ce qui décontenançait la jeune femme. Plus les secondes passèrent et puis elle se sentait ridicule de lui avoir demandé d'aller dîner avec elle.
« Ce serait vraiment bien que tu acceptes, ça m'éviterait de me ridiculiser et d'avoir à partir en courant ! » expliqua Skyler, ce qui aurait pu en faire rire plus d'un mais l'avocate était très sérieuse. Elle envisageait très sérieusement de fuir, de prendre ses jambes à son cou et de ne plus jamais revenir travailler pour ne pas faire face à l'humiliation qu'elle aurait subit, hypothétiquement. Elle le contempla alors dans l'attente d'une réponse, d'une expression qui traduirait ses pensées.
« Tu as conscience que je suis ton patron et que j'ai au moins dix ans de plus que toi ? » demanda alors Aaron. Bien évidemment qu'elle en avait conscience. Elle pouvait perdre son emploi même et pourtant elle était toujours là, face à lui. La jeune femme savait ce qu'elle voulait.
« Onze ans en fait... » répondit-elle, pas peu fière de sa réponse. Elle ne reculerait pas, sauf s'il répondait par la négative. Il lui sourit et la pris par le bras.
« Dans ce cas... C'est parti pour un dîner ! » Il n'avait pas réussit à dire non et finalement la jeune femme était non seulement fière d'elle, mais aussi elle savourait le fait qu'elle n'avait pas imaginé leur alchimie. Ce dîner en fut la preuve.
ALBUQUERQUE,DEBUT 2014