✯l’université n’a jamais fait partie des plans de Laïla, aussi n’y a-t-elle jamais mis les pieds. ✯ la mère de la demoiselle était trapéziste dans un cirque ambulant aussi elle a toujours été brinquebalée de ci, de là. ✯ elle n’a pas vraiment la notion de propriété personnelle, elle partage tout et à tendance à s’approprier les affaires qui ne lui appartiennent pas. il vaut mieux mieux ne pas lui prêter quelque chose auquel vous tenez, il est possible qu’il disparaisse éternellement. ✯ sa capacité à faire la cuisine est quasiment nulle, si ce n’est compté les macaronis au fromage carbonisé comme un plat. ✯ elle parle couramment l’anglais et le mandand, mélange de mandarin et d’allemand, qu’elle a inventé avec son meilleur ami plus jeune. ✯ son premier chez elle fixe se trouvait à albuquerque, bien qu’elle n’ait pas l’impression de revenir à la ‘maison’. ✯ loin d’être vénale, le milieu aristo est loin de la faire rêver. ✯ elle n’a jamais été perturbée par le fait qu’elle apprécie autant les femmes que les hommes, c’est juste naturel pour elle. ✯ elle avait tendance à dire que rony, l’éléphant était son animal de compagnie. encore aujourd’hui. ✯ joueuse de guitare et d’accordéon, elle chante tout de même comme une baleine, c’est affligeant. elle est incapable de chanter juste un seul de ses textes. ✯ très peu vaniteuse, ça ne veut pas dire qu’elle n’aime pas qu’on la remarque, bien au contraire.

« Lala. » Il a l’air plus exaspéré qu’autre chose. Faut dire qu’il n’est pas habitué aux torrents de larmes qui dévalent les joues de sa meilleure amie. « Les pires ruptures font les meilleurs chansons. » Il dit ça, le plus sérieusement possible et elle bloque, incapable de regarder autre chose que l’énorme abruti qui se tenait devant elle. « Putain mais t’es sérieux ? » Elle lâche, hésitant entre la colère et la rage. Elle est là, à lui dire que son premier amour, son seul amour l’a violemment jeté d’un parloir. D’un putain de parloir. « J’ai le cœur en miette et toi tu penses aux chansons que je vais pondre. Dégage. » Elle désigne la porte d’un doigt avant de lui tourner le dos pour se rouler en boule sur son lit. « Lala écoute, je suis. » Elle le coupe en plein élan pour répéter son ordre, un peu plus fort. Il s’avance pour lui tapoter l’épaule avant de quitter la pièce, refermant doucement la porte derrière lui. Elle ne s’en aperçoit pas, elle est incapable de se concentrer sur autre chose que la douleur qui lui déchire le cœur. Elle se sent stupide, Laïla, incroyablement stupide. Pour la première fois, première fois elle était amoureuse. Elle lui a confié son cœur, ses peurs, ses espoirs. Tout, il était tout. Et il s’était joué d’elle dès le début. Elle n’avait été qu’une vaste fumisterie. Et c’était bien ça le plus douloureux, comprendre que ces sentiments, ceux qui lui tourmentaient les tripes étaient unilatéral. Le dindon de la farce, voila ce qu’elle était. Elle repasse en boucle ses paroles, incapable d’arrêter les larmes, les sanglots, la peine. Elle entend presque son cœur se briser entre ses côtes, vil traître. Il aurait du savoir, il aurait du savoir qu’il allait les tromper tous les deux avec ses belles paroles et ses yeux de jais. Elle ressasse, encore, et encore et c’est l’épuisement qui lui apporte le repos tant nécessaire.

Mes doigts filent sur les cordes de la guitare alors que la pluie bat la fenêtre de leur ridicule studio. Pour la centième fois, elle pense à leur dire qu’ils pourraient plutôt répéter chez elle mais la simple idée de les voir envahir son appart pour ne jamais repartir la fait taire. « Tu penses encore à la meuf pas vrai ? » On lui parle, elle relève la tête par habitude. « Hm ? » Répartie particulièrement intéressante mais Laïla serait incapable de répéter le moindre de ses mots. « Ça fait trois minutes que t’as intégré Tussaux. Tu penses à elle hein ? » Elle ne peut pas faire comme si elle ne saisissait pas, c’est assez évident. Elle regrette que ces deux là aient été présent à cette soirée, elle serait beaucoup plus tranquille dans le cas contraire. « Bien sur, parce que c’est la seule chose qui puisse traverser mon cerveau de poulpe ? » Elle réplique, un air contrarié au visage qu’elle est loin de ressentir. Elle termine par lui envoyer son stylo à la tronche, qu’il se taise un peu l’autre. Puisqu’effectivement, c’était cette sulfureuse blonde qui courcircuitait ses neurones. Impossible d’oublier. Il y avait des nuits torrides qu’elle avait rayé de sa mémoire bien plus vite que ça. Cela commençait à devenir un peu perturbant pour Laïla qui se demandait si la blonde n’était pas une sorte de succube. « Ya qu’à voir tes paroles. » Il lui pique son carnet et elle à beau se précipiter pour le rattraper, dans le but de préserver sa guitare, elle n’est pas assez rapide. « Rends-moi ça ! » Elle hurle à Hank qui mis à part un sourire victorieux ne bouge pas d’un poil. Il allait le payer. Elle espérait qu’il appréciait la confiture dans ses coussins le soir, parce que cela allait arriver. Et très vite. « Deux secondes de douceur, un baiser apesanteur, deux vainqueurs, deux faucheurs. » Elle se sent rougir et son envie de l’emplâtrer ne fait qu’augmenter exponentiellement à sa rougeur. « Fleur. C’est comme ça qu’elle s’appelle ? » Il demande, probablement en remarquant les gribouillages qu’elle a fait partout en marge. « J’en sais rien. Je trouvais que ça lui seyait bien. Ça te va ? Maintenant on répète où on compare l’odeur de vos pets ? » Elle récupère sa guitare et sous les quolibets de ses compères, elle commence une partition qu’ils connaissent sur le bout des doigts. Qu’ils se taisent enfin. Pitié, qu’ils se taisent.

« Bonjour madame Santos. Beau temps n’est-ce pas ? » Laïla lui offre un grand sourire et récupère un regard teinté d’une sorte de haine. Ou alors du dégout, elle n’en est pas vraiment certaine. Quant au caniche, il se contente de lui grogner dessus. Elle n’a pas le temps d’arriver à sa porte qu’ils sont déjà sortis. « Pas si vieille que ça la mamie. » Elle marmonne dans sa barbe avant d’ouvrir sa porte en grand, la faisant claquer pour le côté théâtral de son entrée. « LE MOME ! » Laïla s’écrit tout en fermant la porte d’un coup de pied. « Tu devineras jamais qui j’ai croisé qui a voulu me tuer de ses yeux rayons lasers ?! » Elle le questionne, tout en sachant pertinemment qu’il savait de qui elle parlait. « D’ailleurs, elle devrait peut-être y penser aux lasers, la vieille, elle a tellement de ride qu’elle doit avoir du mal à trouver ses yeux le matin. » Elle continue son monologue, puisque c’en est un et dépose en avançant sac, chaussures, manteau, jean et tee-shirt pour filer se changer dans sa chambre. « C’est le moment où tu dis que je suis vieille et que je réplique que ce n’est pas les paroles d’un nourisson qui me touchent. » Elle passe son short de pyjama et un débardeur avant de frapper de tout son poing à la porte de son colocataire, où l’heureux Ian, béni soit-il de partager son appartement. « Oh, le nain. » Elle tambourine quelques secondes avant d’ouvrir la porte en grand. « Ah ouais, ça explique le silence. » Voilà qu’elle parlait toute seule maintenant. « Grandma, tu devineras jamais qui j’ai croisé à l’entrée ! » Elle n’a pas le temps d’aligner trois pensées que la porte d’entrée claque et que son colocataire fait son apparition. « Une vieille peau et un rat déguisé un chien ? » Elle rit avant de le rejoindre dans le salon.