01 Je suis originaire d'Albuquerque au Nouveau-Mexique. J'ai cependant passé la majorité de mon enfance au Canada puisque mes parents se sont séparés alors que j'étais très jeune. On venait de célébrer mon troisième anniversaire. J'ai été élevé par ma mère et ait donc la double citoyenneté puisque je passais toutefois, tous mes étés chez mon père ainsi que la semaine de relâche. 02 Ma soeur aînée est décédée d'un cancer il y a de nombreuse années. Elle avait la leucémie. Lorsque nous avons appris la nouvelle, j'étais trop jeune pour comprendre, mais je me souviens parfaitement de la réaction de maman et celle de Katie... Maman pleurait. Je me suis mis à caresser son visage. Je n'avais que huit ans à l'époque. Ce fût surtout par réflexe, vous voyez, pour sécher ses larmes qui perlaient sur sa joue. Katie elle, faisait de l'humour. Elle tentait de nous réconforter... Elle était comme ça. C'est elle aussi qui, à notre retour à la maison et dans des mots simples, m'a expliqué ce que c'était qu'une leucémie. 03 J'étais un enfant docile. Particulièrement calme et discret. Je passais beaucoup de temps auprès de ma grande soeur. Elle me parlait de la vie, ou à tout le moins de ce qu'elle y connaissait puisqu'elle n'avait que 15 ans. Elle me parlait aussi de ses aspirations, de ses rêves. Ceux qu'elle n'aura jamais eue l'occasion de réaliser, en fait... Trop occupée à se battre comme un lion contre cette putain de maladie qui me l'a prise trop tôt. Elle s'est battue jusqu'à la fin, sans jamais se plaindre. Très drôle, elle nous inventait toute sorte de jeux afin de me divertir durant ses visites à l'hôpital. Les infirmières nous surnommaient affectueusement les petites terreurs. Nous passions notre temps à leur jouer des tours. Tout particulièrement lorsque Katie due être admise en soin palliatif. Elle est décédée à 17 ans. 04 Ma soeur et moi avions sept ans de différence. Nous étions toutefois extrêmement proche l'un de l'autre. C'est peut-être cliché, mais elle était ma meilleure amie et un modèle tout à fait exemplaire... Enjouée, courageuse, positive. Elle rêvait de faire le tour du monde. Un jour elle a sortie une carte géographie et m'avait indiqué un itinéraire. Elle était en rémission et avait bon espoir. Elle avait toujours espoir. Malheureusement, elle ne visitera jamais Disney Land. Elle ne se rendra jamais au Vermont non plus, ni même en Californie en passant par Vancouver, mais je le ferais pour elle. Un jour je ferais le tour du monde en moto! 05 Je me suis ensuite découvert une curiosité presque malsaine pour ladite maladie et puis pour la mort indirectement, désirant savoir ce qu'il y avait ensuite. Je faisais beaucoup de recherche sur l'un et l'autre de ces sujets. Le cancer et la vie après la mort. Ma mère avait même acceptée de m'acheter un rat... Je souhaitais trouver un remède contre la maladie. Heureusement, j'ai fini par faire mon deuil. J'ai fini par accepter son départ prématuré et je suis passé à autre chose. Je me suis trouvé de nouveau passe-temps, mais l'envie de faire une différence et de soigner les malades m'est restée. Un jour je serais médecin. Un peu comme Patch Adams. J'crois que c’est mon idole... 06 Ma mère est décédée quelques années plus tard. Elle a eu un accident de voiture. Un chauffard complètement ivre convaincu qu'il pouvait tout de même conduire n'a jamais vu sa voiture et il n'a pas freiné. J'ai dû déménager chez mon père et sa nouvelle conjointe à plein temps, ainsi qu'avec Aubree, la fille de cette dernière et mon demi-frère. J'avais 14 ans. Ce fût une période difficile, mais je me suis adapté rapidement, connaissant déjà le quartier et plusieurs jeunes de mon âge. Je suis devenu très ami avec la fille des voisins. Nous étions inséparables. Nous sommes même sorties ensemble... Mais j'ai pris peur, lorsque les choses sont devenues plus sérieuses. 07 Adolescent, j’étais désobéissant, insolent, provocateur. Je n’ai jamais supporté l’autorité. Encore aujourd’hui, ça n’a pas beaucoup changé. Je déteste toujours autant qu’on me dise quoi faire et comment le faire. Puis quand on s’est laissé ma copine et moi, j’ai dérapé. C’est elle qui me tempérait. Et elle n’était plus aussi présente qu’avant. On essayait de prendre un peu nos distances. C’était mon idée. Je me suis tout de même mis à boire plus. Je fumais mes joints, sortait aussi dans les bars sans même en avoir l’âge puis m’y bagarrait. J’ai même fait plusieurs cambriolages entre mes 17 et 19 ou 20 ans… Sans raison particulière. Juste comme ça. Pour l’adrénaline, pour le fun. Peut-être aussi pour faire chier mon père. Il est policier, je vous l’ai dis? Son père l’était avant lui ainsi que son grand-père et le père de celui-ci. J’ai souvent fini au poste de police, arrêter parfois par mon propre géniteur… Notre relation n’est donc pas simple. 08 D'ailleurs, est-ce que je vous ai dit qu'après s'être séparé de ma mère, mon père s'est remarié et a eu un enfant de cette nouvelle union? Les parents disent toujours à leurs enfants qu'ils les aiment également et qu'ils n'ont pas de préférence. En ce qui le concerne, c'est faux! Mon demi-frère a sa préférence. Il l'a toujours eu. En même temps, c'est normal, il est toujours poli et obéissant, studieux et même si ça lui plait pas forcément, il prétend qu'il veut bien suivre les traces de papa. Alors que moi, même si je l'avais voulu, mes antécédents m'en empêchent. Notre père a toujours craint l'influence que je pouvais avoir sur mon demi-frère. Il a toujours eu honte de moi, même s'il n'ose pas le dire à voix haute. 09 D'ailleurs, j'ai toujours eu l'impression que mon père avait honte de moi, peut importe les choix que je fais. Par exemple, n'importe quel parent aurait été content et fier que leur p'tit con de fils choisisse de faire médecine. Tous, sauf le mien. Il aurait préféré que je suive ses traces, que je poursuive la tradition familiale. Il m'a même boudé pendant des semaines lorsque je lui ai annoncé que je m'étais inscrit en médecine et avait été accepté puis j'ignore pourquoi, mais il a proposé de m'aider à payer mes études par la suite. Je suis orgueilleux. J'ai voulu refuser et l'envoyer promener, mais la bourse était incomplète et ils demandaient la participation des parents. 10 Malgré qu'on m'ait accepté dans le programme dès le premier tour et que j'ai toujours d'excellente note, je dois avouer que je ne suis pas très studieux. Je fais la fête tous les soirs et ne me gêne pas pour reprendre mes heures de sommeil lors des cours du matin. C'est étonnant qu'on ne m'ait pas encore viré... Étant donné que j'arrive également pratiquement tous les jours en retard d'une bonne quinzaine de minute. Faut croire qu'ils me le permette car je remontre leur moyenne. Je suis toujours au-dessus. Je dis toujours plein de connerie, j'ai aussi souvent les bonnes réponses à leurs questions, alors les profs m'aiment bien. J'imagine que les fait rire eux aussi, même s'ils le montrent pas. Ils doivent clairement s'ennuyer dans leur propre cours... Le fait que je sois charmant avec toutes ces vieilles dames, doit probablement aider aussi. Oh détrompez-vous, je leurs fait pas de la lèche. J'suis juste charmant. Je les complimente sur leur nouvelle coiffure, je prends un café de plus au starbuck du coin. Vous voyez le genre. 11 Autrement, mon paternel aimerait bien que je sois plus sérieux, justement. Plus prudent aussi. Il ne comprend pas que, suite au décès de ma mère dans un accident de la route, je puisse être aussi imprudent. J'ai reçu des tas de contraventions pour excès de vitesse, je les compte même plus. Pour la plupart, elles traînent encore dans le coffre à gant de ma voiture, impayées. J'ai même été arrêté en état d'ébriété et sous l'effet du cannabis une fois... ou deux. Mon père était fou de rage, mais il m'a tout de même sorti de ce pétrin. Étrangement, j'adore rouler et faire de la vitesse. J'suis pas beaucoup plus prudent en moto. 12 Dans la vie en général aussi, il voudrait que je sois plus sérieux. Il voudrait que je lâche un peu ce groupe de copain avec qui je fais de la musique, que c'est pour les gamins et que je devrais mettre mes efforts autre part, mais la musique, j'adore ça. Ça me détend et ça me défoule. 13 C'est comme pour les femmes. Il voudrait que j'arrête de papillonner. Il n'arrête pas de me demander pourquoi je suis plus avec la fille des voisins. « Elle était si mignonne ! » De quoi il se mêle? J'suis encore jeune. J'ai pas envie de me caser. C'est pas pour moi. Je n'ai eu qu'une relation sérieuse, mais depuis, je suis plus volage. J'enchaîne les conquêtes d'un soir, ou les relations de courtes durées, n'ayant simplement pas envie de m'engager et encore moins de m'attacher à une femme. J'aime bien ne pas avoir d'attache et prendre la vie comme elle vient. Advienne que pourra.