Chère Susie,

Cela fait longtemps que je ne t'ai pas écrit et je m'en excuse, sincèrement. Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais même pas quoi t'écrire, alors que tout le monde a une histoire à raconter. Certaines ne se finissent pas bien, d'autres font rêver. La mienne ne fait partie d'aucune des deux, elle est banale. Mais bon tu la connais déjà alors je ne vais pas prendre toute une page pour t'écrire mon enfance, en plus il ne s'est rien passé de spécial à cette période. Et puis, je n'ai pas l'habitude de me confier. Seulement, vois-tu aujourd'hui c'est l'anniversaire de sa mort et je ne sais pas à qui en parler. Elle me manque, terriblement. Chaque moments de cette nuit là reste gravé dans ma mémoire, ça me tracasse. Je sens que cette nuit va être mouvementé, déjà hier soir j'ai eu du mal à m'endormir. Chaque fois que je fermais les yeux, son visage apparaissait alors je me concentrais dessus et là, j'arrivais à entendre sa voix, à me souvenir de son odeur, à admirer son sourire, celui qui me réconfortait quand plus rien n'allait, celui qui sous-entendait que peu importe ce que la vie nous réserve on se relèverait, ensemble. C'est à ces moments là que mes larmes coulent et je les laisse rouler sur mes joues car je ne peux les retenir. « Tout ira bien. » Elle me l'avait dit, me l'avait promis mais maintenant elle n'es plus là, elle n'existes plus. Elle m'assurait que jamais rien ne nous séparerait, que sa main resterait dans la mienne pour toujours. Et regarde moi là, tout seul, avec mon crayon en train d'essayer d'exprimer l'inexprimable. C'est dur, tu sais, de perdre un proche. Je l'aimais et je l'ai plaqué pour une autre. Le pire, c'est que cet autre jouait avec mes sentiments, je suis tombé dans le panneau et ça, je ne me le pardonnerait jamais. Tout était tellement plus simple quand j'étais en Angleterre avec toi. On pouvait se parler directement. Un de mes plus grand regret est de ne pas m'être ouvert quand j'aurai pu. Mais ça y est, je suis prêt maintenant, prêt à te confier mes plus grandes peurs, ma plus grande tristesse.

Il y a une partie de ma vie que j'aimerais oublier, mais je vais te la raconter. A cette époque, j'étais un rebelle, pire que lorsque tu m'a rencontré. Touchant à tout ce qui n'était pas net (drogue, alcool), je n'en pouvais plus. Je sortais avec une fille, au départ ce n'était qu'un flirt sans importance. Je la trompais même avec une amie d'enfance (crois moi ces mots sont dur à écrire). Puis, des sentiments ont commencés à apparaître alors j'ai plaqué mon amante pour être finalement sérieux. Seulement cette dernière ne l'a pas supporté et m'a fait croire qu'elle avait des sentiments pour moi, m'a fait douter. Alors j'ai plaqué la femme que j'aimais et, quelques semaines plus tard, elle a été écrasé par un type qui a prit la fuite. Depuis je ne me le pardonne pas, et je n'excuse pas non plus mon ancienne amie/amante. Mais je voudrais savoir : quand est-ce que cette douleur s'arrêtera ? J'ai beau me consacrer à mon métier de professeur, vivre ma vie, mon cœur se serre toujours à cette période et j'en ai marre. Cela fait quand même deux ans. Je songe même à revenir avec toi, pour parler plus tranquillement. C'est idiot de dire ça, mais l'asile me manque.

En espérant avoir bientôt de tes nouvelles,
Liam Anderson